Tout au long de l’année, les vignerons doivent traiter la vigne contre les insectes, les champignons, les virus et la pourriture qui la menacent. Ils peuvent également nourrir la terre avec des engrais.
Il existe différentes méthodes de culture et de vinification de nos jours. En voici un bref aperçu.
En m’efforçant de rester le plus simple et compréhensible…

L’agriculture conventionnelle

Pratique culturale la plus répandue, l’agriculture conventionnelle permet d’utiliser tous les produits et engrais chimiques autorisés par la réglementation, herbicides, fongicides, insecticides,…

Les maladies de la vigne (mildiou, oïdium, botrytis,…) et les ravageurs (cicadelles, tordeuse,…) sont traitées et détruits à l’aide de produits phytosanitaires. A la cave également, l’utilisation de produits oenologiques ou de techniques physico-chimiques permet d’obtenir des vins standardisés et sans défauts qui nuiraient à sa dégustation.

Aucun label n’existant en agriculture conventionnelle, l’utilisation de produits chimiques de synthèse, le respect de l’environnement et du bien-être de l’utilisateur sont à la discrétion du domaine.

La culture raisonnée

Comme indiqué dans le nom, l’arsenal de produits chimiques est utilisé de manière raisonnée.
L’objectif est de limiter l’utilisation excessive de produits phytosanitaires. Certains organismes comme Terra Vitis permettent au domaine une utilisation plus ciblée et raisonnée de chaque traitement.

L’adhésion à un organisme engage les vigneronnes et vignerons au respect d’un cahier des charges. C’est donc un repère pour le consommateur.
L’agriculture raisonnée, si elle n’est pas reconnue par un label, est une notion plutôt vague. Chacun plaçant le curseur du “raisonnable” où il l’entend…

Vous devez avoir confiance dans l’honnêteté de votre vigneron.

L’agriculture biologique

Certification française Agriculture Biologique / Certification européenne Ecocert

Avant 2012, le vin pouvait être “produit à partir des raisins issus de l’agriculture biologique”, mais aucune règle n’encadrait les méthodes de vinification.
La situation a évolué, la réglementation européenne impose désormais un cahier des charges biologique de la vigne à la mise en bouteille.

A la vigne, les produits chimiques tels que les herbicides, fongicides et pesticides sont interdits. Les traitements autorisés sont principalement à base de soufre et de cuivre. Ce qui n’est pas sans inconvénients, le cuivre étant toxique pour les sols à trop forte dose.
Au chai, les intrants sont plus encadrés qu’en conventionnel, mais il y en a !
Par exemple, la dose de soufre total (sulfites), n’est que très légèrement inférieure au conventionnel. (150 mg/L pour le vin rouge à 200 mg/L pour le vin blanc en conventionnel,
100 mg/L à 150 mg/L pour le bio).

Globalement, les vigneronnes et vignerons ne s’affairent pas à la vigne pour ensuite tout “détruire” à la cave en ajoutant trop d’intrants. Ils s’appliquent une philosophie globale. Et les viticultrices et viticulteurs qui faisaient du bio avant cette harmonisation européenne s’imposent bien souvent des règles plus rigoureuses !
Un cahier des charges trop permissif est la porte ouverte à des pratiques peu scrupuleuses ou plus industrielles et souvent dans une démarche mercantile.

Le risque est de pervertir la philosophie initiale du bio et de perdre un peu plus le consommateur, qui ne sait plus à quel label se vouer !

La biodynamie

La biodynamie va plus loin que l’agriculture biologique. Elle cherche à mettre en valeur l’énergie du sol et des éléments naturels pour favoriser l’épanouissement de la vigne.

Le grand penseur de la biodynamie est Rudolf Steiner. Maria Thun est également souvent citée pour son étude des cycles lunaires.
D’un ensemble de théories ésotériques, on a tiré des pratiques bien concrètes appliquées à l’agriculture et à la viticulture.

La biodynamie a également ses labels. En france on trouve Demeter et Biodyvin. Mais il existe des domaines qui appliquent certaines méthodes de la biodynamie sans revendiquer pour autant une certification.
La biodynamie est en quelque sorte l’homéopathie de la vigne.

Elle permet de renforcer l’écosystème global de la vigne, afin que le milieu s’équilibre de lui-même pour lutter contre les agressions.
On favorise donc toutes les espèces de flore et de faune qui gravitent autour du vignoble. Le sol et la plante sont nourris et soignés par des ajouts de composts, de tisanes et de préparations dynamisées, et les cycles lunaires sont respectés.
Mais ce n’est là qu’un aperçu !

Côté vinification, les labels biodynamiques sont également plus restrictifs sur les intrants autorisés. Pour ne citer que le cas des sulfites, on passe à un volume total de 70 mg/l pour les rouges et 90 mg/L pour les blancs.

Certifier un domaine en biodynamie n’est pas anodin et implique une sérieuse remise en question des méthodes de travail. C’est un choix trop risqué pour certains, qui n’en restent pas moins sensibles à ces pratiques, mais préfèrent garder des marges de manœuvres et ne pas s’affilier à un label.

Les résultats sont souvent probants, avec un saut qualitatif indéniable au bout de quelques années.
Ne serait-ce que parce que les vigneronnes et vignerons développent une meilleure compréhension de leurs terroirs et de leurs vignes, qui le leurs rendent bien.

Vin nature

Pour le moment, il n’existe pas de certification “Vin nature”, mais des vignerons, comme Sébastien David à Bourgueil, s’engagent sur des chartes et se réunissent en association, telles que l’Association des Vins Naturels ou encore Vins S.A.I.N.S (Sans Aucun Intrant Ni Sulfite ajouté).

Comme en bio et en biodynamie, il est plus ou moins facile selon les régions et les années de laisser faire. Un vin nature ou naturel est un vin sans aucun intrant. Certains s’autorisent cependant un léger ajout de soufre, au cas par cas et par précaution avant la mise en bouteille.
Mais entre un domaine qui ajoutera un peu de soufre volcanique pour un maximum de 30 à 40 mg/L et un vin conventionnel qui peut en contenir jusqu’à 200 mg/L, il y a un monde !

Produire un vin nature est un véritable travail d’orfèvre. Il faut être intransigeant de A à Z et le travail commence à la vigne.

A l’opposé de l’interventionnisme, les vigneronnes et vignerons cherchent à avoir une vendange avec le maximum de potentiel et à préserver celui-ci tout au long de la vinification, en accompagnant le vin plutôt qu’en cherchant à le corriger.

En matière de vin nature, il y en a pour tous les goûts. Certains sont dans la maîtrise la plus complète possible, ne s’autorisant aucune “déviance” qui nuirait à la dégustation.
Quelques-uns revendiquent le risque de défauts, qui pourront surprendre les consommateurs non avertis.
La question est de savoir si on doit encore parler de “défauts” quand c’est un résultat assumé, comme faisant partie intégrante du vin.
Seul l’amateur et son plaisir gustatif sont juges. Et c’est bien là le principal !

En conclusion, ce n’est pas parce qu’un vin est bio, en biodynamie ou nature qu’il est bon. Mais une démarche plus naturelle rend encore plus évidentes les composantes essentielles du vin : le terroir, la vigne et le talent des femmes et des hommes qui font le vin.